mardi 22 janvier 2008

ALESSANDRO MANZONI : PRÉCURSEUR LOINTAIN DE VATICAN II


L’auteur de « I promessi sposi », l’une des perles de la littérature italienne serait-il un précurseur lointain de Vatican voire de Jean-Paul II. L’analyse de l’un des points faibles de ce roman semble le révéler.

Le roman est dominé des références à la spiritualité et à la morale chrétienne. Mais chose curieuse, on n’y trouve aucune référence explicite à Jésus-Christ. Cette omission ne peut que susciter beaucoup d’interrogation pour un roman qui se déclare chrétien. L’auteur l’aurait-il fait à dessein ou par simple oubli ? Ne serait-ce pas l’une des conséquences de l’univers de « I promessi sposi » dominé par le laïcisme de la révolution française où les hommes ne devaient pas manifester publiquement leur appartenance religieuse ?

Ne serait-ce pas au contraire une autre façon de présenter le christianisme, sans toutefois le citer explicitement, mais en présentant aux hommes ce qu’il a de plus précieux, de plus beau et auquel aspire tout le monde : la vie, la vérité, l’amour, la beauté. Si tel est le cas, Alessandro Manzoni serait l’un des précurseurs lointains Vatican II.

En effet Vatican II a inspiré la pratique inaugurée par Paul VI d’ajouter parmi les destinataires du message de l’Église « les hommes de bonne volonté ». Ainsi, Gaudium et Spes affirme : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur coeur » (GS, n° 1).

Cette affirmation de Vatican II trouvera son point culminant dans la première encyclique de Jean Paul II (Redemptor Hominis) qui met l’homme au centre des préoccupations de l’Église : « Cet homme est la première route que l'Eglise doit parcourir en accomplissant sa mission : il est la première route et la route fondamentale de l'Eglise, route tracée par le Christ lui-même, route qui, de façon immuable, passe par le mystère de l'Incarnation et de la Rédemption » (RH n° 14, 1).

Ainsi, comme le soulignera Jean-Paul II 139 ans après, Alessandro Manzoni aurait compris la vraie identité de l’homme à qui s’adresse le message du Christ : « Il s'agit donc ici de l'homme dans toute sa vérité, dans sa pleine dimension. Il ne s'agit pas de l'homme ‘abstrait’, mais réel, de l'homme ‘concret’, ‘historique’. Il s'agit de chaque homme » (RH, n° 13, 3).

L’omission de référence explicite au Christ serait une stratégie réussie qui rend le roman accessible à un plus grand public. Car il ne suffit pas de nommer explicitement le Christ pour que le monde reçoive son message. Il faut en témoigner, comme l’a souligner Paul VI dans Evangilli Nuntiandii : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins » (EN, n° 41).